Le mot du jour

Qui suis-je?


LA VOIX DE L'ÉCHO

POUR LE PLAISIR DE TOUS: AUTEURS, LECTEURS, AUDITEURS...

dimanche 2 mars 2014

Jean-Luc Mercier - Ne l'oublie pas mon grand !












Ne l’oublie pas mon grand !



Terroriste ? Oui bien sûr, je le peux ! Terroriser ceux que rien d’autre ne convainc, qui s’assoient sur les « cadavres » d’autrui à fin de puissance et pouvoir (fussent-ils ridiculement vains). Angoisser les cultivateurs de misère et tous les pilleurs de Terre.

Pervers ? Oui bien sûr, je le peux ! Mater ces esthètes luxurieux, exhibitionnistes hideux, qui méprisent ordinaires et vieux. Jouir sans retenue de ces objets fugaces, leur rire au nez d’un rire salace, quand si vite leur « beauté » s’efface, avilis à ne jouir que d’eux-mêmes, hélas.

Criminel ? Oui bien sûr, je le peux ! Occire misogynes, xénophobes, chasseurs de mécréants, homophobes. Éliminer d’un regard intense, jeter dans les fosses de l’indifférence, dussent-ils me tuer pour décadence, eux qui s’apaisent les hormones par violence.

Même bien plus que cela !

Je peux tuer de sang froid, faire la guerre ou la guérilla, haïr au nom de Dieu, faire travailler les mômes, jeter des filles sur les trottoirs aussi, honorer les dictateurs, mettre à sac la planète, momifier des femmes sous toile, lâcher des bombes à fragmentation, péter la gueule d’un noir, laisser crever des vieux et même bouffer mon chien !


Chaque fois qu’il se passe quelque chose de terrible en ce monde de par la main des hommes, je suis profondément meurtri : je pourrais être ceux-là. Il faut si peu souvent pour être ceux-là… juste naître là-bas ! Juste naître dans un autre endroit.


Ou être fou… fou ! FOU !
DANGEREUSEMENT FOU !





Bienfaiteur ? Oui bien sûr, je le peux ! Donner très peu à ceux qui ont bien peu, mais à beaucoup pour bien marquer le coup. Le faire savoir et le dire bien haut, faire mon show pour flatter mon égo. Où quelques écus tirés de caisses d’or, et me voilà élu généreux sponsor.

Superstar ? Oui bien sûr, je le peux ! Distraire les foules par lobbying interposé, être abject, être tendre, gueuler contre la guerre, parader en pute vulgaire. Les ados édulcorés, c’est drôle à manipuler. Amuser ces passifs qui augmentent mes actifs, facile, facile, ils sont si dociles.

Bon père de famille ? Oui bien sûr, je le peux ! Douce expression dont loi m’honore. Mètre étalon de juriste d’abord, norme comportementale encore, que les conservateurs adorent. Femmes, le Pater familias, vous renvoie à la patria potestas ! Relevez vos jupons.

Même bien plus que cela !

Je peux distiller des sourires à m’en péter les lèvres, parler d’Amour et de Paix, m’incliner devant les sages. Refuser le jeu des faiseurs de pouvoir, tourner le dos à tous les profiteurs. Je peux moins consommer, moins gaspiller, tendre la main à des gens du lointain, soutenir les faiseurs de bien, tenter aussi d’en devenir un, et même supporter mes voisins !



Chaque fois qu’il se passe quelque chose de beau en ce monde de par la main des hommes, je me réjouis vraiment : je pourrais en être auteur, il faut si peu souvent pour faire du bien… croire au merveilleux, juste y croire et agir en petit grain de rien.

Ou être con… con ! CON !

INCROYABLEMENT CON !





Savoir ce qui est en moi ? Oui bien sûr je le peux ! Je sais ce qui germe en moi, je sais ce qui y dort aussi, je sais que je ne suis qu’un homme et qu’un homme a en lui tout ça. Sauf à l’endroit de ceux qui souffrent de maux cliniques, il n’y a nul monstre, nul ange… juste des possibles enfouis ou révélés, connus ou méconnus de ceux qui les abritent. À me faire peur aussi, d’imaginer d’ailleurs qu’ils peuvent surgir peut-être. Fragile construction, par chance du « bon côté », qu’un frisson mauvais peut emporter, qu’une sale morale osera juger

Je ne suis pas bon… j’ai eu la chance de pouvoir l’être.

Je ne suis pas aimant… on m’a permis de le découvrir.

Je ne suis pas humain… on m’a laissé le devenir.



J’ai appris à mentir, j’ai appris à tromper, j’ai appris à promettre, j’ai appris à tricher, j’ai appris à vivre non comme je le croyais, j’ai appris à survivre comme je le pouvais…

Mais je suis né là où chantent les oiseaux... et les ruisseaux,

Né là où gronde la paix, né où l’on éduque socialement les enfants, né où l’on choisit ses aliments, né sans avoir été manipulé par des faiseurs de religions. Qu’importe la nation, qu’importe la patrie, puisque cela existe ailleurs qu’ici, je suis né avec la liberté de voir, de croire, de regarder, la liberté d’aimer, de critiquer. Je suis né ici sans le vouloir, mais quant à le savoir… comment pourrais-je être autre qu’à y faire honneur ?



Je peux trahir, je peux voler, je peux haïr, je peux tirer le drap sur moi,

Mais je peux de cela surtout ne rien faire du tout.

Ne l’oublie pas mon grand, ne l’oublie pas…

Tu te priverais de ce que d’autres n’ont pas !




Texte protégé et déposé

1 commentaire: