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mardi 25 mars 2014

Marcel Faure - 0016 à 0020 de La danse des jours et des mots





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Samedi 8 octobre 2011

Je me rabote les neurones pour trouver quelques copeaux. Je suis vide, absolument vide. Ce soir je ferai un saut en arrière de près de quarante ans. Un cousin retrouvé s'en vient dîner. Enfants, nous étions souvent ensemble. Peu de souvenirs. Ses parents oui, lui non. Nous n'avons pourtant que deux mois de différence. J'aimais pourtant beaucoup aller lui rendre visite. Que faisions-nous ... qu'est ce qu'on se racontait ... nos premières histoires avec les filles ... nos jeux ...
Ah si, c'est avec lui que j'ai fumé ma première cigarette. Il me l'avait offert. Il était plus déluré que moi. Mes parents avaient encore cet esprit des paysans du début du siècle ... enfin je parle du précédent ... même s'ils habitaient et travaillaient en ville depuis déjà longtemps.
Et puis ceci. Ma mère avait accouché de justesse avant sa jeune nièce. Qui donc avait donné quelques conseils à l'autre. La nièce, sans aucun doute.
Et demain je ne pourrai pas vous dire la paupière d'une rose en train de me faire une œillade, avec sa femme, ils apportent le dessert.



Dimanche 9 octobre 2011 

Très bonne la tarte. Nous avons jeté quelques mots sur la table pour attiser le feu de la mémoire. Des anecdotes que Marc prenait plaisir à raconter. Je me redécouvrais, jouant au patronage, avec des chars, chacun son tour tirant l'autre. Une enfance tranquille et sans heurt. L'été je gardais les vaches chez mon oncle. Marc et moi dans les prés à s'ennuyer un peu. Courir après les poules dans la cour de la ferme et l'oncle nous jetant sa pantoufle pour ramener le calme. Mais le plus souvent j'étais seul. Mon cousin passait aussi du temps avec sa grand-mère, ma tante qui " prenait l'air" à l'autre bout du village.
J'étais loin de la poésie enfantine, ne m'émerveillais de rien et souffrais un peu de l'absence de ma mère restée en ville. Se réinventer une enfance où chaque objet devient un jeu, chaque rencontre une découverte et chaque jour vécu avec avidité.
Vers onze douze ans, la découverte de la lecture a tout débloqué. Aujourd'hui, j'invente chaque instant et chaque instant me réinvente. Il me suffit de donner un coup de pied dans la fourmilière des mots endormis. Mon horizon chavire et se dore au soleil.



Lundi 10 octobre 2011

Je n'invite pas que la famille à partager un repas. Les amis bien sûr. Je reçois aussi très souvent de grandes personnalités de la poésie. C'est à ma table de chevet que je grignote avec eux un poème. Ensemble nous sirotons quelques mots. Chapiteau dit l'un d'eux. S'allume les projecteurs d'un cirque où chacun fait danser son théâtre d'ombres. Tout en haut d'une colonne, les plus habiles sculptent une treille où je m'enivre. D'autres, atteints de vertiges invoquent les dieux.
La tête à peine hors de l'eau, je vague à l'âme dans cette mer de cocagne qui m'absorbe. Je m'abandonne aux astres descendus qui scintillent dans mon ciel de lit. Je ne sais pas pourquoi, certains se plaisent en ma compagnie et ne s'irritent pas, si demain, glissé sous mes paupières, ils trouvent un auteur qui n'est pas de leur cercle.
Parfois l'un d'eux s'incruste. Je crois qu'André Breton s'est glissé dans mon ombre.



Mardi 11 octobre 2011

La nuit, cette ombre s'ennuie et vagabonde. Pour me réveiller, elle va frapper une voiture sous mes fenêtres. Du coup, la pauvre automobile prend peur. À grands cris stridents, elle bouscule la torpeur du quartier. Son maître n'est jamais loin. Il rapplique illico. Calmée elle se tait. Dès qu'il s'éloigne, elle hurle à nouveau. Son maître doit alors la sermonner longuement, jusqu'à ce qu'elle sombre enfin dans le sommeil.
Ces chevaux mécaniques accaparent tant de soins et de tendresses. Ils pourrissent la nuit des amants. Certains ne quittent plus le siège arrière pour s'ébattre. Les belles carrosseries tressautent et grincent de tous leurs amortisseurs.
Et moi, je n'arrive plus à fermer l'œil. Mon ombre ricane. Je lui balance un oreiller. Faudra que j'aille l'enfermer dans la tour d'un vieux château hanté.
Dédales de la nuit où je m'égare. Laboratoire des rêves où tout s'arrange et s'ordonne avant de s'oublier. Parfois l'éveil fait le deuil de la nuit. Le sable s'incruste et l'oeil crisse et pleure.



Mercredi 12 octobre 2011 

J'aimerais payer chaque jour nouveau d'un poème. Une sorte de crème à bronzer étalée sur les heures qui se succèdent. Ma méthode Coué pour conjurer les mauvaises surprises. Une sorte de glissement progressif de l'aube pour attraper le soleil.
Dehors la pluie peut cingler mon visage, le froid engourdir mes mains ou la canicule dessécher ma gorge et ma peau. J'ai payé mon tribut plus rien de grave ne peut m'arriver. Cela n'empêche nullement les déconvenues, les mauvaises nouvelles, mais je leur trouve des circonstances atténuantes.
Il y a certainement un aspect religieux à cela, un relent de petite enfance, cette prière du matin pour louer ce qui nous dépasse, ce que l'on ne comprend pas vraiment, le miracle d'être en vie.
Il me faut souvent aller chercher au plus profond de moi un éclat, une forme nouvelle, une musique qui brisera la distance qui me sépare encore de l'éveil.
Parfois rien ne vient et je suis tristement suspendu dans l'attente.






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