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samedi 28 juin 2014

EMECKA - AU PAYS DE TES PAS



 Tippi Votre Écho !



Copulsion - Acrylique Emecka







Au pays de tes pas




     Je suis là ! Et je te regarde…

     J’aurais pu passer sans te voir vraiment, laissant dériver mon regard, un tantinet distrait, avec cette fausse réserve, cette fausse distance qui me retient de jeter mon dévolu sur la première venue. J’aurais pu, bien sûr, faire semblant ou pire encore, te prêter une attention polie eu égard au simple fait que tu sois en ce lieu, en lui même flatteur.

     Mais je t’ai vue et je me suis arrêté. Tout mouvement est devenu spontanément accessoire sauf ceux de mes yeux, mus par autant de désirs pourtant invisibles de l’extérieur. Une folle agitation mentale m’occupe et me fige. Un mélange de perturbation et d’une étrange sérénité tente de se constituer dans une volonté syncrétique. J’ai déjà naturellement ressenti cet état insolite de nombreuses fois sans pouvoir le mettre en mots à la hauteur de ce qu’il génère en moi.

     Je sais toutefois combien ce plaisir intense me livre à la joie, une joie simple sans exubérance ni manifestation ostensible. Une satisfaction intérieure. Celle du confort. Oui, te regarder m’emplit d’aise, mieux, d’aisance. Je ne souffre d’aucune gêne en te dévisageant, en te parcourant, en te déshabillant. Car il s’agit bien de sensualité. Chaque seconde m’est agréable au point que je peux accepter que quelque chose vienne troubler mon agrément mental.

     Mon regard est maintenant installé en toi. Je suis ataraxique. J’accompagne les moindres courbes de ton corps sans but précis, ou plutôt celui d’emprunter tes pas. Je veux dire, aller là où tu as hésité, là où tu as décidé ou renoncé. J’avance un peu puis recule d’autant. D’un chemin précis, j’entrevois maintenant ta démarche globale. Je croyais savoir puis me voilà à nouveau perdu. Mais je suis bien, confortablement établi dans tes mystères. Ce va-et-vient plus ou moins lent, plus ou moins profond confine à l’acmé tant recherché dans pareille situation. Ce moment de grâce finit toujours par arriver, comme une suspension du temps, une ultime contraction paroxystique.

     La question de cette forme de béatitude m’a longtemps taraudé. Elle ne trouve réponse que dans la notion d’équilibre. Quels que soient tes formes ou ton style ce qui me rassérène et me séduit, c’est justement l’impression que tout en toi se connecte harmonieusement. Oui, voilà, l’harmonie, c’est bien cela. Ta violence voire ta fureur se trouve ainsi magnifiée par les milliers de cohérences qui s’assemblent. Ton message prend donc toute sa force au travers de ces longues traces corporelles, de ces érections jaillissantes et de ces noires expressions qui parfois strient ta peau.

     Tu me fais penser à cette danseuse reposant si souvent sur ses minuscules pointes dans une évanescente beauté, juste accrochée à quelques notes de musique. Elle seule, sait combien la douleur et l’effort intense font figure de magnificence aux yeux des spectateurs interdits. L’équilibre encore semble être le secret de la séduction.

     Il n’est plus de regard innocent, désormais. Je réalise en premier lieu que si je me suis arrêté pour t’admirer c’est juste parce que tu as capté mon désir, mon besoin là, ou bien d’autres, peut être plus rayonnantes, plus aguichantes n’ont qu’à peine effleuré ma rétine. Tu m’as invité par tes harmonieuses structures à entrer dans ton univers. Et celui de ton créateur. C’est bien pour ces émotions-là que j’aime parcourir les expositions jusqu’à ce délicieux instant de la rencontre désirée avec une œuvre.



     Je suis encore là ! Et je te regarde encore, encore…




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