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LA VOIX DE L'ÉCHO

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mardi 29 juillet 2014

MARCEL FAURE - 0106 à 0110 de La danse des jours et des mots

MISE EN VOIX DE MARCEL FAURE (deux premiers épisodes Tippi Votre Echo)






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Vendredi 6 janvier 2012 



Visages éventrés par la vie
Jardins abandonnés
Cœurs meurtris
Lèvres qui ne savent plus l'amour
Mots titubants d'alcool


Visages poupins de la malbouffe
Sous le cheveu terne
Ravages des cernes
La dépression pour compagne
Et la faim sans fin


Visages perdus dans l'essaim des ans
Que mille chemins parcourent
Les joues qui tombent jusqu'au cou
La peau si claire
L'œil si las
À contempler demain.




Samedi 7 janvier 2012



Y a-t-il une frontière entre prose et poésie ? Je n'en suis pas sûr. C'est pourquoi ici, je mélange les genres. Petites nouvelles, vieux souvenirs, instants saisis presque sur le vif, poèmes, il me semble que chacun tire l'autre vers une nouvelle aventure, dans une autre dimension. On parle aujourd'hui de prose poétique ou encore de poèmes en prose, mais plus le poème s'éloigne de sa forme classique plus il échappe à toutes classifications.
J'ai lu chez un grand auteur dont le nom m'échappe " c'est à celui qui écrit de décider si sa production est, ou non, un poème." Mais c'est aussi au lecteur de construire son propre poème avec tout ce qu'il est.
Dans sa préface à "Travaux d'approche " Michel Butor pense que cette frontière "s'amenuise"... " devient de plus en plus poreuse".




Dimanche 8 janvier 2012 


Le langage en soi est une aventure qui traverse les siècles et que nous prenons comme une évidence. Jamais nous ne pensons à nos ancêtres aux premiers sons échangés dans les tréfonds de l'humanité. Des cris qui se transforment, se structurent, se répondent, oui le langage est d'abord un cri pour exister, pour survivre. Merveilleux cri premier dont l'écho se répercute jusqu'à nous et qui, de génération en génération a gagné en clarté.
Attention, je ne suis pas un spécialiste du langage, loin de là, mais cette longue plainte, puis ce chant, je le sens dans mes tripes et il anime mes poèmes. Et je me vois en transe, dans une grotte, posant ma main sur la voûte et louant cette main pour l'éternité avec un peu d'ocre.
Ma main, ce fabuleux poème qui transpose les sons en écriture. Ce n'est cependant que de la poussière d'ocre qui les anime. En soufflant dessus plus ou moins fort, dans un sens ou dans l'autre, le dessin qu'ils forment est différent. Les peintres préhistoriques l'avaient déjà compris en nous proposant plusieurs versions d'une même œuvre.




Lundi 9 janvier 2012 


Je suis encore tout embué du monde du travail, mais jamais je ne passerai le revers de ma main sur la vitre. Ce serait comme renier mes origines, trahir mes amis, ma famille, et cette fatigue qui pèse encore sur mes épaules. Mais je suis aussi un peu un scientifique fou, une sorte de chercheur d'espoir et de bonheur. En remuant la fange des idées et des révoltes, nous sortirons ensemble du labyrinthe qui nous retient.
Nous ne sommes encore que des chevaux fatigués et aveugles au sortir de la mine. Le chasseur de rêves que je suis ne se laissera pas conduire sans bruit à l'abattoir, même si ma voix ne porte pas plus loin que le bout de mon nez.




Mardi 10 janvier 2012 



Ohirondelle.fr ne répond plus. La grande migration peut-être... La Chine l'Inde, la Laponie, où donc est-elle partie ? Loin des prétentieux manoirs de l'Europe, un jour, c'est plus fort qu'elle, elle s'envole fuyant les monastiques enseignements, l'ombre du Collège de France et de ses grands recteurs.
C'est elle qui m'a donné mon premier cours de poésie, par grand froid, à l'angle d'un bois venté qui sifflait nos oreilles de sa mélancolie d'été. Alors vous écrivez ? Et dans la foulée elle m'avait expliqué la naissance du romantisme en le situant dans le grand courant, toujours en mouvement, de notre littérature. Puis elle avait enchaîné sur la nécessité d'aller chercher au plus profond de soi, de se méfier des clichés et de chercher sans relâche le mot juste, tout en veillant à la beauté du résultat.
Ohirondelle.fr ne répond plus. Que dirait-elle aujourd'hui de cette traduction de sa pensée. Plus tard, elle m'a offert un curieux livre d'un poète arabe. L'auteur Khayyãm; certains de ses quatrains font un surprenant éloge du vin :

Sache ceci : que de ton âme tu seras séparé,
Tu passeras derrière le rideau des secrets de Dieu.
Sois heureux... tu ne sais pas d'où tu es venu
Bois du vin... tu ne sais où tu iras.


Ohirondelle.fr je ne sais où tu t'en vas, mais tes conseils avisés me manquent. Tu les dispenses là-bas, sans trop te soucier de la notoriété de l'établissement, dans ces lointains où l'on apprend notre langue. Et lorsque tu reviendras, je te saluerai comme tu aimes à l'être : souriant, mains jointes et courbant le dos, rendant ainsi hommage à la femme de cœur et à la terre qui la porte.







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1 commentaire:

  1. De superbes mots empreints d'humanisme et j'aime sans réserve, j'ai beaucoup aimé aussi le paragraphe où il est question du langage, j'ai souvent moi-même les mêmes questionnements, en tous les cas, c'est une superbe évasion ! Merci d'avoir mis du soleil dans ma journée et surtout bravo et casquette bien bas !

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