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mardi 21 avril 2015

MARCEL FAURE - 0246 à 0250 de La danse des jours et des mots







Jeudi 24 mai 2012 

En te nommant sans cesse, je ne sais plus que ton nom.
Lloydia, et ta double consonne plus douce qu'une voyelle.
Dehors, la lumière du soir décline l'horizon des collines alanguies.
Lloydia enveloppée dans le pourpre, bientôt reine de la nuit.
Mes lèvres dans un murmure, Lloydia.


Vendredi 25 mai 2012 

J'ai toujours eu horreur du téléphone. En dehors du fait qu'il sonne toujours au mauvais moment, lorsque je réponds, je m'entends dire nombre de banalités, voire de bêtises. La voix de mon correspondant me paraît irréelle et je ne comprends pas toujours distinctement son propos.
Lloydia me dit que je deviens sourd. Je n'y crois pas trop. La réalité d'une présence physique me manque et j'écoute distraitement des propos parfois très graves, qui me bouleverseraient si je recevais un courrier, mais là, rien, je suis une pierre, insensible à tout. Pourtant, s'il le faut, je saute dans mes chaussures, je me précipite vers la voiture, et je conduis comme un fou et sans aucune prudence vers l'ami ou le parent qui appelle au secours.
Lorsque j'arrive chez lui, au comble de l'inquiétude, je le trouve finalement assez guilleret. Je me sens un peu trahi et je regrette ma précipitation.
Mais imaginons un instant que je découvre mon ami au bord du gouffre, je dis alors merci à ce foutu téléphone et peste contre mon correspondant précédent qui occupait la ligne sans avoir rien à dire.
Furieux je me penche à nouveau sur mon écrit interrompu et je pèse tant les mots, que souvent, je laisse en paix la feuille blanche et qu'ils me restent sur l'estomac.



Samedi 26 mai 2012 

Entendu ce mot dans un commentaire télé : infobésité. C'était bien sûr à propos de cette orgie d'information dont nous sommes saturés jusqu'à l'indigestion. Il se rapporterait d'abord à l'information numérique et serait d'origine québécoise. Un internaute fait cependant remarquer que de tout temps l'homme a eu une masse d'information à gérer et que notre cerveau doit faire des choix depuis toujours.
Cette nécessité que nous avons de nous situer par rapport au monde et aux autres, nous pousse toujours plus à vouloir savoir et comprendre. L'infobésité serait donc une maladie de la connaissance que l'on pourrait traduire par " avoir les yeux plus gros que le cerveau ".



Dimanche 27 mai 2012 

Je mâchouille indéfiniment la même idée, la présence centrale du bonheur dans toute vie. Je ne parle pas de l'aptitude au bien être, parfois poussé jusqu'à l'angoisse, mais de ce plaisir que j'éprouve à tout faire pleinement.
Comme nous tous, je subis aussi nombre de conventions mais je n'aspire à rien d'autre qu'à cet instant où je suis nuage, haut, très haut, mais porteur de pluie et d'espoir. Oui, la pluie que certains redoutent, mais tellement essentielle à la vie.
Je perds la journée entière à ne rien faire d'autre que m'effilocher en petits brins de bonheurs. Et je m'endors à ton clair de cœur.



Lundi 28 mai 2012 

Ce catalogue de possibles qui s'enroule sur lui-même sans jamais se répéter, je le consulte et me sers. Ton sourire encore, qu'un oiseau curieux subjugué, posé sur le rebord de la fenêtre, contemple à loisir. Tu lui tournes le dos, il s'envole.
Cette chanson à capella qui parle d'Italie et qui vient de si haut, comme tombée du ciel.
Soudain un pan de souvenirs. Ma chambre d'enfant, coincée entre l'échoppe d'un coiffeur qui susurrait des airs langoureux à longueur de journée, en coupant les cheveux de ses clients et un bistrot, où le soir, Tino, noyant sa mélancolie, ébranlait le mince galandage de sa belle voix de ténor, pour ressusciter son terroir natal. Mes oreilles résonnent encore de ces lointaines mélodies qui m'ont servi de berceuses.
Ce catalogue plein d'interférences, impulsions de la mémoire qui font irruption, laisse filtrer suffisamment de lumière pour occulter les traces trop monotones. Je renoue le fil du jour avec la colline qui secoue doucement son feuillage printanier. Elle imprime ma rétine étonnée de toute cette vague verte et fraîche.

Jusqu'à l'ultime épuisement de mon souffle, je déviderai toutes ces histoires parallèles inscrites en moi, les possibles sans cesse en mouvement.














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2 commentaires:

  1. A chaque fois que je lis les mots de Marcel, j'ai l'impression de faire du voyeurisme, de pénétrer à l'intérieur de ses mots et c'est un voyeurisme exquis ! J'aime beaucoup cette définition si juste de "infobésité" et toujours ses sublimes mots aériens qui virevoltent, tournoient en un ballet poétique "je m'endors à ton clair de coeur" CASQUETTE BIEN BIEN BAS à tous les deux ! C'est toujours un instant suspendu que cette danse des jours ! Magnifique ! Comment s'en lasser ??? Merciii pour ce beau partage ! bisous et à bientôt !

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    1. Il est vrai qu'elles sont jolies les fenêtres que Marcel nous entrouvrent ! Merci Eponine de tes visites toujours si chapeautées d'enthousiasme ! Bisous

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